Hydrographie, pourquoi cette science est essentielle ? 3 questions à Laurent Kerléguer, DG du Shom

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Hydrographie, pourquoi cette science est essentielle ? 3 questions à Laurent Kerléguer, DG du Shom

Mis à jour le 20/06/2025

À l’occasion de la Journée mondiale de l’hydrographie, célébrée chaque 21 juin, coup de projecteur sur une discipline encore méconnue mais pourtant essentielle : l’hydrographie. Elle joue un rôle clé dans notre compréhension des mers et des océans, en contribuant à leur observation, leur gestion et leur protection. Les éclairages de Laurent Kerléguer. 

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L’hydrographie : de quoi s’agit-il ?

L’hydrographie est la science du levé et de la cartographie des eaux. Elle vise à mesurer, décrire et représenter les éléments physiques des océans, des mers, des zones côtières, des lacs et des fleuves, et d’anticiper leur évolution dans le temps.

Cette discipline est essentielle pour la sécurité de la navigation car elle fournit les nombreuses données nécessaires à l’élaboration des cartes marines. Elle contribue ainsi à protéger la vie humaine en mer.
Au-delà de la navigation, l’hydrographie soutient un large éventail d’activités maritimes : économie bleue, défense, recherche scientifique, protection de l’environnement... La connaissance des fonds marins et des zones littorales est indispensable pour comprendre et gérer durablement notre environnement marin.
 

Quels défis l’hydrographie doit-elle relever aujourd’hui et à l’avenir ?

À la suite de la Conférence de l’ONU sur l’Océan à Nice et de l’adoption d’un pacte européen ambitieux pour l’Océan, l’hydrographie s’affirme comme un élément central des politiques maritimes à venir. 
De plus, Le thème choisi cette année par l’Organisation hydrographique internationale (OHI) est « la cartographie, un puissant levier d’action », il souligne l’importance cruciale de la cartographie des océans. Pour un espace maritime aussi vaste que celui de la France, disposer de données fiables est indispensable à une prise de décision éclairée.

Pour accélérer la connaissance encore largement déficitaire et répondre à ces nouveaux enjeux, le Shom innove et se transforme : 

  • Des drones maritimes viennent renforcer les capacités d’acquisition du Shom. Deux planeurs sous-marins sont en service depuis cette année, un engin autonome de surface sera acquis en septembre et plusieurs autres drones de surface et sous-marins dans les prochaines années.
  • Face à l’augmentation attendue des données collectées, le Shom adapte son organisation et investit dans des outils d’intelligence artificielle, s’appuyant sur une refonte approfondie de l’architecture de ses données pour accroître son efficacité de traitement.
  • Le Shom développe son premier jumeau numérique afin d’apporter la connaissance sous une forme intelligible pour les décideurs et permettre d’élaborer des scénarios. C’est particulièrement important dans le contexte d’incertitude lié aux conséquences du changement climatique à l’œuvre.
  • Enfin, pour concrétiser ces transformations, le Shom mise sur ses forces vives : le renforcement des équipes d’hydrographes et le développement de nouvelles compétences.

Avec une capacité de 6 000 mètres de profondeur, notre drone sous-marin permet l'accès à 97 % du fond des océans »

En quoi consiste le métier d’hydrographe au Shom ?

Le métier d’hydrographe au Shom est à la fois technique, scientifique et opérationnel. 

C’est avant tout un métier de marin, à la fois puisqu’il s’agit de collecter des données en mer et aussi parce qu’il s’agit d’assurer la sécurité de tous les marins. Le métier a en réalité de très nombreuses facettes puisqu’il allie des fonctions de terrain, de traitement et de rédaction de levés, d’encadrement… dans des domaines aussi variés que la physique marine, la géodésie, la bathymétrie, ou encore la cartographie.

Son champ d’action est large : des zones portuaires aux océans profonds, en passant par les littoraux. Il met en œuvre une grande diversité de moyens : sondeurs multi-faisceaux, courantomètres, systèmes de localisation par satellite, drones maritimes, etc. 
Enfin, être hydrographe au Shom c’est être appelé à intervenir sur le deuxième domaine maritime au monde (11 Mkm²) et au-delà sur les zones d’intérêt de la défense encore bien plus vastes.  Beaucoup de levés se déroulent dans des eux étrangères ce qui donne une ouverture internationale au métier, à la croisée des enjeux maritimes, scientifiques et stratégiques.

Carte de l'espace maritime français et des responsabilités du Shom
Crédit photo
Shom & Marine Nationale

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